Visegrád – Face à la fronde déterminée de nombreux hôteliers et commerçants et malgré le spectre d’une « troisième vague » agité par les autorités, le gouvernement polonais a décidé de rouvrir partiellement hôtels, cinémas et théâtres. Parallèlement, les autorités tchèques travaillent à un plan de réouverture des écoles, tandis que Viktor Orbán a annoncé jeudi 4 février la tenue d’une consultation nationale sur la réouverture et fait miroiter le 1er mars comme prochaine étape de la réouverture.
Ouverture à 50% des hôtels, cinémas et théâtres
Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki s’est montré encore très prudent lors de son point de presse du vendredi 5 février : « Nous observons une stabilisation depuis de nombreuses semaines et nous avons une meilleure situation en ce qui concerne le niveau d’occupation des lits Covid-19 et des lits ventilateurs. [Mais] le nombre de morts est toujours inquiétant et c’est pourquoi aujourd’hui nous ne pouvons parler que d’une stabilisation fragile ». Par ailleurs, certaines voix demeurent très alarmistes, comme Franciszek Rakowski de l’unité de modélisation mathématique de l’Université de Varsovie qui déclarait ce même jour qu’on se trouvait « toujours dans une société pandémique et [que] la levée complète des restrictions pourrait se terminer très mal ». Néanmoins, face à la révolte des professionnels du tourisme notamment, le gouvernement polonais a choisi une voie médiane, c’est à dire d’ouvrir les hôtels, cinémas et théâtres, les sites sportifs ainsi que les pistes de ski à 50% de leur capacité et sous un régime sanitaire strict à partir du 12 février.
« même la Seconde Guerre mondiale n’a pas causé autant de problèmes »
Du côté de Prague, la coalition d’Andrej Babiš (ANO et ČSSD) est minoritaire au parlement – où elle est tolérée par les communistes qui s’opposent à la reconduction de l’état d’urgence – et commence à réviser certains choix sanitaires, tandis que la pression se fait aussi entendre dans la rue depuis des semaines. C’est ainsi que Jana Maláčová (ČSSD), ministre du Travail et des Affaires sociales, a reconnu hier 7 février la gravité de la situation sur le plan social et économique et déclaré que « même la Seconde Guerre mondiale n’a pas causé autant de problèmes que le Covid. Les enfants sont [alors] allés à l’école […] le Covid […] a empêché le pays de fonctionner pendant un an, le pays est au point mort, toute l’économie est en difficulté [...] nous devons trouver un moyen de sortir de ces fermetures ».
C’est dans ce contexte que le ministre de l’Éducation, Robert Plaga, prépare un plan de réouverture des classes de dernière année du secondaire devant entrer en vigueur dès le 1er mars. Cette idée est en l’occurrence soutenue par une partie de l’opposition ; ainsi le chef du parti des maires et indépendants, Vít Rakušan, a déclaré de son côté : « Nous avons tout d’abord à l’esprit les élèves du niveau inférieur des écoles élémentaires et les élèves des dernières années des écoles élémentaires et secondaires ».
Consultation nationale en Hongrie
À Budapest, le premier ministre conservateur Viktor Orbán semble également vouloir trouver pragmatiquement une sortie de crise, alors que la grogne commence à poindre également suite à trois mois de mesures constantes – couvre-feu à 20h, fermeture des restaurants, bars, salles de sport et lieux de culture, masques dans les grandes villes et les lieux clos. C’est ainsi qu’il a annoncé jeudi 4 février une nouvelle consultation des citoyens sur la réouverture, s’appuyant sur les réponses des électeurs pour légitimer les choix à venir en la matière. Celle-ci doit démarrer à la mi-février et porter notamment sur la possibilité de dispenser plus tôt de restrictions ceux qui sont vaccinés contre le virus. Cette dernière question semble être toutefois particulièrement épineuse et particulièrement glissante pour le gouvernement hongrois, à à peine plus d’un an des élections générales.