Tchéquie – Sept semaines après les élections législatives des 8 et 9 octobre, c’est sans surprise qu’au vu des résultats – la coalition SPOLU (ODS, KDU-ČSL et TOP09) était arrivée en tête avec 27,8% des voix et 71 sièges – et de l’accord de gouvernement conclu avec la coalition PirSTAN (Pirates et maires – 15,6% et 37 sièges) que le président tchèque Miloš Zeman a nommé hier 28 novembre le président du Parti démocratique civique (Občanská demokratická strana, ODS), Petr Fiala, au poste de Premier ministre comme successeur d’Andrej Babiš, dont le parti, ANO, était arrivé en deuxième position (27,1% et 72 sièges), ses alliés sociaux-démocrates (ČSSD) et communistes (KSČM) n’ayant pas recueilli les suffrages nécessaires pour être représentés à la Chambre.
Une prestation de serment sous le signe du Covid-19
Cette nomination aura été placée sous le signe du Covid-19. Le président tchèque Miloš Zeman, qui avait été hospitalisé pendant 46 jours, était sorti de l’hôpital ce vendredi 26 novembre pour y retourner presque aussitôt car il venait d’être testé positivement au coronavirus. C’est donc lors d’une cérémonie invraisemblable, qu’isolé dans un box de plexiglas (!) au château de Lány (à l’ouest de Prague) que le président tchèque – en quarantaine pour deux semaines – a finalement nommé Petr Fiala au poste de Premier ministre ce dimanche 28 novembre en fin de matinée, tandis que les nominations des 17 ministres auront lieu au fur et à mesure jusqu’au 13 décembre. D’ici là, le gouvernement sortant dirigé par Andrej Babiš continue d’assurer l’intérim.
Remerciements aux professionnels de santé
Le nouveau Premier ministre tchèque s’est adressé à la presse presque aussitôt après sa prestation de serment.
Il a tout d’abord évoqué la situation sanitaire actuelle en Tchéquie :
« Je tiens […] à remercier tous les professionnels de la santé et les médecins qui sauvent des vies humaines dans des conditions difficiles avec un grand dévouement. Vous avez mon admiration et vous avez mon soutien »,
a-t-il déclaré après avoir appelé « tous ceux qui n’ont pas encore été vaccinés d’envisager de réfléchir à cette étape et de le faire ».
Une année 2022 difficile en perspective
Il a ensuite annoncé une année 2022 difficile pour la République tchèque et ses habitants : « Je suis conscient de ce que les gens attendent de nous. Les gens dans la rue me disent qu’ils ont confiance en nous, que ce sera bien. Ce sera bien, mais ce ne sera pas bien l’année prochaine.
Il est nécessaire – et cela fait partie de la politique que je voudrais faire – de dire la vérité aux gens. L’année prochaine sera difficile pour la République tchèque, ce sera difficile pour beaucoup de gens
[…] Les problèmes […] que le gouvernement Babiš n’a pas résolus, ou les problèmes qui viennent de l’étranger […] rendront l’année prochaine difficile pour nous tous […] Nous essayons maintenant de rendre la transition aussi facile que possible, de ne pas perturber la société ».
Le nouveau Premier ministre tchèque, Petr Fiala, est originaire de Brno, la deuxième ville de Tchéquie, située dans le sud de la Moravie. Il a 57 ans, il est marié et père de trois enfants. Diplômé en langue, littérature et histoire tchèques (1988) de l’Université Jan Evangelista Purkyně (rebaptisée depuis Université Masaryk) il y a enseigné par la suite et en a été le recteur (2004-2011) avant de commencer sa carrière politique.
Conseiller scientifique en chef du Premier ministre Petr Nečas (ODS) de 2011 à 2012, il a été ministre de l’Éducation de 2012 à 2013, avant d’être élu député de l’ODS dont il est devenu le président en 2014. Enfin, il a été vice-président de la Chambre des députés de novembre 2017 jusqu’aux législatives du mois dernier.