Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

La ministre tchèque de la Défense veut sortir de l’ONU

Temps de lecture : 3 minutes

Tchéquie – Maire du deuxième arrondissement de Prague de 2012 à 2021, députée depuis treize ans et demi et ministre de la Défense depuis presque deux ans dans le gouvernement de Petr Fiala, et membre depuis 1997 du Parti démocratique civique (ODS), de centre-droit, Jana Černochová est a priori une femme politique expérimentée et modérée. Mais elle est une militante pro-Israël coutumière des messages véhéments sur les réseaux sociaux ou encore de provocations lors de manifestations en soutien à la Palestine. Elle vient maintenant tout à fait sérieusement de proposer que la République tchèque se retire des Nations Unies.

La Tchéquie et la Hongrie ont voté contre, la Pologne et la Slovaquie se sont abstenues

La cause de cette déclaration à l’emporte-pièce est tout simplement l’adoption par l’ONU d’une n-ième résolution à propos du conflit israélo-palestinien qui, rappelons-le au passage, dure depuis au moins 1948.

Au vu de l’offensive lancée par Israël contre la bande de Gaza suite aux attaques terroristes sans précédents lancées par le Hamas contre des localités israéliennes le 7 octobre 2023, cette résolution, présentée par quarante pays, dont l’Afrique du Sud, l’Égypte, la Russie, le Maroc, la Jordanie, le Liban et l’État de Palestine et adoptée ce vendredi 27 octobre, 

condamne « tous les actes de violence dirigés contre des civils palestiniens et israéliens, 

notamment tous les actes de terrorisme et les attaques indiscriminées » et « demande une trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, menant à la cessation des hostilités ».

« J’ai honte de l’ONU »

Comme Mme Černochová le souligne, seuls 14 pays ont voté contre cette résolution appelant à un cessez-le-feu humanitaire immédiat dans la bande de Gaza, dont la Hongrie, la République tchèque et l’Autriche. 45 États se sont abstenus, tandis que 120 ont voté pour. On notera au passage que la Pologne, la Slovaquie et la Roumanie, de même que l’Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni se sont abstenus, tandis que la Slovénie, l’Espagne, la Suisse, la France et la Belgique votaient pour.

Comme elle s’en explique sur X : « Il y a exactement trois semaines, le Hamas a assassiné plus de 1 400 Israéliens, soit plus de victimes pour sa population que l’organisation islamiste militante Al-Qaïda n’en a fait aux États-Unis le 11 septembre. Et seuls 14 pays, dont le nôtre, se sont exprimés de manière claire et compréhensible contre cette attaque terroriste sans précédent perpétrée par les terroristes du Hamas !

J’ai honte de l’ONU. À mon avis, la République tchèque n’a pas sa place dans une organisation qui encourage les terroristes et ne respecte pas le droit fondamental à l’autodéfense. Sortons d’ici. »

Réactions diverses au sein même du gouvernement tchèque

Cette sortie de la ministre tchèque de la Défense a bien évidemment fait l’objet de nombreuses critiques. Ce faisant, le Premier ministre tchèque Petr Fiala et le ministre des Finances Zbyněk Stanjura (tous deux membres de l’ODS, comme Mme Černochová) ont pris sa défense tout en modérant son propos. Petr Fiala a ainsi déclaré comprendre « l’indignation [de sa] ministre face à la résolution de l’ONU qui ne condamne pas le terrorisme du Hamas en Israël. » Néanmoins, « la République tchèque, ainsi que les États-Unis et l’Autriche, ont voté conformément à ce que nous préconisons depuis longtemps. Nous continuerons à promouvoir nos positions à l’ONU et à convaincre les autres États de leur justesse. »

Par contre, Ivan Bartoš, ministre du Développement régional et président du Parti pirates tchèque, a exprimé son désaccord avec sa collègue, de même que le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavský (Pirates) :

«  L’idée d’un retrait de l’ONU doit être rejetée.

La raison la plus importante est que la Charte des Nations Unies contient certains principes clés qui permettent à la République tchèque, malgré sa taille et sa position dans la communauté internationale, de créer un cadre stable et prévisible dans lequel nous pouvons opérer et qui sont cruciaux pour nous du point de vue de l’intérêt national. »