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La récente mise en service du Knyaz Pozharsky, le dernier sous-marin à propulsion nucléaire de la Russie, incarne une stratégie ambitieuse visant à renforcer la présence militaire russe dans l’Arctique. Ce sous-marin, appartenant à la classe Borei-A, est conçu pour transporter jusqu’à 96 ogives nucléaires, offrant ainsi une capacité de frappe secondaire redoutable. Tandis que les tensions géopolitiques augmentent dans la région, la Russie entend s’affirmer face à la concurrence croissante, notamment avec l’activité accrue de l’OTAN. Cette initiative s’inscrit dans une volonté plus large de Moscou de dominer l’Arctique, où les ressources naturelles et les nouvelles routes maritimes suscitent de vives convoitises.
Un mastodonte de 24 000 tonnes
Le Knyaz Pozharsky, dernier-né de la série Borei, représente un bond technologique significatif pour la marine russe. Lancé en février 2024 depuis le chantier naval de Sevmash, il intègre des avancées en matière de furtivité et de propulsion par hydrojet. Ce sous-marin de 24 000 tonnes en immersion est largement supérieur en taille à son homologue américain, l’Ohio. Chaque unité de la classe Borei-A peut embarquer jusqu’à 16 missiles balistiques intercontinentaux RSM-56 Bulava, chacun équipé de 4 à 6 ogives nucléaires. En outre, il est propulsé par un réacteur à eau pressurisée VM-5 générant environ 190 mégawatts d’énergie thermique. L’intégration de ces sous-marins dans la flotte du Nord vise à étendre la portée stratégique russe à travers l’Arctique et l’Atlantique Nord. Cette démarche illustre la volonté de la Russie de militariser l’Arctique, conformément à sa doctrine maritime de 2022.
Un titan arctique
La Russie a alloué environ 8,4 trillions de roubles (environ 100 milliards d’euros) à l’expansion navale d’ici 2035. Parmi les projets phares figurent les sous-marins Borei-A et Yasen-M. Ces efforts visent à renforcer la flotte russe avec 49 navires, dont quatre Borei-A et quatre Yasen-M, au cours des cinq dernières années. Le dernier sous-marin Yasen-M, le Perm, lancé en mars 2025, devrait être équipé de missiles hypersoniques Zircon et rejoindre la flotte du Pacifique d’ici 2026. La compétition dans l’Arctique ne se limite pas à l’OTAN et à la Russie. La Chine, se déclarant « État proche de l’Arctique », intensifie ses initiatives scientifiques et commerciales, suscitant des inquiétudes en Occident. Parallèlement, les membres de l’OTAN, notamment les États-Unis, le Canada, la Norvège et le Danemark, ont intensifié leurs exercices et déploiements navals dans la région. L’Arctique devient ainsi un théâtre stratégique où les puissances mondiales cherchent à affirmer leur influence.
Innovations et défis
Dans ce contexte de rivalité, la Russie explore de nouvelles applications navales non conventionnelles. Le Bureau de design Malachite, en collaboration avec l’Institut Kurchatov, développe des sous-marins nucléaires capables de transporter du gaz naturel liquéfié (GNL) à travers les eaux arctiques sans l’aide de brise-glaces. Ce projet, soutenu par Gazprom et NOVATEK, vise à contourner les sanctions maritimes occidentales, bien que certains experts en doutent de la faisabilité. La supervision de ces initiatives stratégiques est assurée par un nouveau Collège maritime dirigé par Nikolai Patrushev, ancien secrétaire du Conseil de sécurité. Ce groupe est chargé de moderniser la marine, de gérer la sécurité arctique et d’aligner le développement maritime sur les intérêts géopolitiques à long terme de la Russie.
Impact stratégique
L’arrivée imminente du Knyaz Pozharsky dans la flotte russe souligne l’engagement de la Russie à ancrer sa dissuasion stratégique dans l’Arctique. Au fur et à mesure que l’Arctique se transforme d’une frontière glacée en une zone de contestation, la balance du pouvoir dépendra de plus en plus des capacités sous-marines, du positionnement nucléaire et de la présence persistante dans un espace maritime en rapide évolution. Ce développement reflète une dynamique mondiale où les enjeux stratégiques et environnementaux sont indissociablement liés. La question demeure : comment les nations, en quête de domination géopolitique et de ressources, parviendront-elles à gérer cet espace fragile et en mutation rapide ?
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Wow, 24,000 tonnes! That’s massive. 🚢 Is this really necessary for global security?
Je suis inquiet de l’impact environnemental de ces sous-marins nucléaires. Quel est le plan pour éviter une catastrophe? 🌍
La Russie joue avec le feu. Les autres nations doivent réagir avant qu’il ne soit trop tard!
Merci pour cet article détaillé. C’est fascinant de voir comment les technologies sous-marines évoluent. 👍
96 ogives nucléaires? Ça me semble un peu excessif, non? 😳
Est-ce que d’autres pays ont des sous-marins aussi avancés que le Knyaz Pozharsky?
Les tensions en Arctique ne vont-elles pas empirer avec de tels développements?
Pourquoi investir autant dans la marine quand il y a d’autres priorités comme l’économie et la santé? 🤔
La Russie pourrait-elle utiliser ces sous-marins pour transporter autre chose que des armes?
Je me demande si l’OTAN va intensifier sa présence en réponse à ce développement. 🔍
Combien d’argent est gaspillé sur ces projets militaires? C’est absurde! 💸